Ce qui ne nous tue pas

Ce qui ne nous tue pas

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Antoine DOLE
Ce qui ne nous tue pas
Adolescent
Dès 14 ans


Lola est en colère. Contre ses parents qui se disputent sans cesse, contre les profs, contre ses amis, contre tous. Alors Lola fait la dure, cogne et finalement met les voiles. Dans sa fuite, elle trouve refuge par hasard auprès de Simone. Chez la vieille dame qui a pour seule compagnie les fantômes de ses souvenirs, le temps
s’est arrêté. Des liens de confiance se tissent lentement et Lola apprend à combler les trous de mémoire de Simone par de belles histoires. Surtout, elle fait l’apprentissage de la douceur, la voie dont elle avait besoin pour trouver l’apaisement.

 

 

INTERVIEW ANTOINE DOLE :

 

Votre roman Ce qui ne nous tue pas laisse la part belle à la tendresse, la douceur. Cette tonalité contraste avec la dureté de vos précédents romans. Comment expliquez-vous cette inflexion ? Celle-ci a-t-elle joué sur votre écriture ?

 

Suivre les romans d’un auteur, c’est un peu aussi suivre le cours de sa vie. J’ai longtemps considéré l’écriture comme une façon d’empoigner le monde autour de moi, parce que j’avais moi-même, au quotidien, trop besoin de comprendre ce qui m’entourait. Dans mes précédents textes, ma littérature est frontale, offensive, presque une arme. Jusque-là, je n’évitais pas forcément la matière tendre, mais je la contournais : j’avais peur qu’elle me rende trop vulnérable, que ce soit dans ma vie perso ou dans mes écrits. Il y avait une distance entre le monde et moi, un décalage. Il est toujours là, mais je ne le remplis plus de la même façon depuis que la douceur est entrée dans mon quotidien, petit à petit. Avec des naissances d’abord, puis en rencontrant l’amour ensuite, en écrivant pour les plus jeunes, aussi. J’ai découvert que la douceur n’est pas ce qui nous rend plus fragiles comme je le pensais, qu’elle ne nous met pas forcément en danger, mais que c’est précisément ce qui nous rend plus forts, ce qui nous donne les bonnes clés. C’est ce qui réconcilie les souvenirs, ce qui apaise le présent, ce qui laisse entrevoir les belles choses à venir. Le monde autour de nous est bien assez dur, autant cultiver le précieux au fond de soi. Je n’ai plus peur d’être fragile, et cela rejaillit forcément un peu sur ma façon d’écrire et d’appréhender l’écriture, d’appréhender la vie, tout court.

 


Le lien tissé dans le roman entre vos deux héroïnes, la jeune Lola, rebelle et désorientée et Simone, vieille dame perdue dans ses souvenirs, permet la rencontre de deux générations, deux âges de la vie. Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de travailler sur ce sujet ? Comment est apparue l’idée de ces deux personnages ?


Travailler sur la solitude et l’incommunicabilité entre les gens est une sorte de fil rouge dans mes romans. Je voulais écrire la rencontre de deux solitudes, trouver ce point de jonction, ce moment très bref, où les solitudes se croisent et où la rencontre, la vraie, se produit. Quand j’ai commencé à plancher sur ce roman, ma grand-mère était en fin de vie. C’était une situation étrange, découvrir cette femme qui avait toujours dirigé les choses perdre lentement le fil de sa vie, être isolée par la maladie. J’ai repensé à cette période de mon adolescence où je me sentais moi aussi isolé, pour d’autres raisons tout aussi intimes. C’est comme si le parcours de ma grand-mère se faisait à rebours du mien, une déconstruction de ma construction. Dans les deux cas, la douceur était “menaçante” : je pensais que la douceur m’enliserait dans ma solitude, que je combattais avec ma révolte, ma colère. Ma grand-mère pensait que la douceur l’enliserait dans la maladie et son combat nécessitait lui aussi de la révolte, de la colère. Il fallait réapprendre la douceur dans un cas comme dans l’autre. Ma grand-mère est décédée pendant l’écriture de la deuxième partie du roman. J’ai donc fait suivre au personnage de Simone le cheminement pour lui apporter la paix que je lui souhaitais. Lola est un personnage sans doute plus autobiographique, qui évoque mon propre parcours, le divorce de mes parents quand j’étais gosse, mon rapport au monde, la façon dont je me suis ouvert à la douceur à travers mes rencontres. Et puis je crois que dans ce qu’on écrit, beaucoup de ces liens se jouent de manière invisible... Je l’ai appelée Lola très spontanément. Or, Lola est le diminutif de Dolorès, qui signifie douleur, et qui a la même étymologie que Dole, qui vient du latin dolere. En tenant la main de Lola pendant tout ce roman, je tenais finalement la mienne. Et j’ai fait mon propre chemin vers cet apprentissage de la douceur...


“Lola reprend ses esprits. Elle ne veut pas rester ici. Elle ramasse ses affaires. Elle n’a pas quitté ses vêtements cette nuit. Simone est folle. Simone est dingo. Lola n’arrête pas de répéter ça dans sa tête. Elle doit partir d’ici. Ses yeux ne cessent de passer d’un objet à un autre, très vite, sans jamais se poser. Rien ici n’a de sens, de début ni de fin. Rien ici n’est vrai, ni réel.”

ANTOINE DOLE poursuit son œuvre comme auteur jeunesse protéiforme, passant avec aisance du roman à la bande dessinée, du manga à l’album classique. Sa série Mortelle Adèle est un véritable phénomène d’édition avec plusieurs millions d’exemplaires vendus. C’est un auteur fidèle au catalogue d’Actes Sud jeunesse pour ses romans ados, et ses deux séries remarquées, Le Monstre du placard et Simon Portepoisse. Il est aussi l'auteur et l'illustrateur d'un petit album porte-bonheur, Un jour, je te porterai chance. Avec Magali Le Huche, il a signé deux albums : Kate Moche et Les Rois de l'univers.

 



http://www.antoinedole.com


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