Un hiver en enfer

Un hiver en enfer

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Jo WITEK
Un hiver en enfer
Adolescent
Dès 14 ans


Les liens maternels peuvent-il être dangereux ?
Un huis clos glaçant entre une mère et son fils, en plein coeur de l’hiver.

 

Edward a grandi avec son père, brillant architecte. Sa mère, Rose, lointaine et fragile, revient un jour d’un long séjour en hôpital psychiatrique. Elle, qui n’a jamais su l’aimer, lui demande à présent de jouer le jeu de la famille soudée. Pour le jeune garçon, il est hors de question d’effacer toutes ces années privées de l’amour maternel. Il préfère se réfugier dans le monde virtuel des jeux vidéo. Tout bascule avec la mort accidentelle de son père. Il se retrouve seul dans un chalet avec cette mère haïe, qui soudainement l’étouffe d’affection et l’isole davantage. Un face-à-face terrible commence au coeur de l’hiver. Deux êtres. Deux folies. Au point de conduire au meurtre ? Qui entre eux deux dit la vérité ? Un seul, forcément...

 

INTERVIEW JO WITEK :

 

Le point de tension central d’Un hiver en enfer est la relation mère-fils. Le roman dessine avec brio la violence qui peut s’insinuer au sein de ces liens familiaux. Qu’est-ce qui vous a donné envie de traiter de ce sujet ?

 

Au départ de ce sujet, une expérience personnelle. Un voyage en famille où mes deux fils alors adolescents faisaient la tête, repoussaient toutes mes propositions de sorties. Je me suis alors surprise à penser : “Là, maintenant, la famille c’est l’enfer !”. Un petit ras-le-bol de maman d’ados que j’ai transformé en sujet de thriller et, bien sûr, poussé à l’extrême ! Et si une mère n’avait pas réussi à aimer son enfant dès sa naissance ? Et si un fils, à force de désamour, parvenait à détester sa mère ? Mère et fils, face à face, avec ce drôle d’amour qui a bien du mal à montrer son vrai visage. Pourraient-ils se faire du mal ? Se blesser à mort ? Le foyer familial quand les enfants traversent l’adolescence devient souvent un terrain miné. Les mots fusent. C’est parfois violent. Je me suis “amusée” avec ce chaos familial qui est encore très tabou. Dans nos sociétés, une mère doit forcément être épanouie par son enfant, pourtant nous savons aujourd’hui que ces liens du sang ne suffisent pas forcément à créer du partage, de la communion, de la tendresse.

C’est complexe et cela n’a rien d’inné. D’ailleurs beaucoup de jeunes, en atelier d’écriture, abordent aussi ce sujet de leur point de vue. Leur rejet d’un de leurs parents, leur difficulté à aimer un frère, une soeur. J’ai pour ce roman lu beaucoup d’ouvrages autour du lien mère-enfant, rencontré une psychanalyste pour dresser ensuite les portraits psychologiques de mes deux personnages phares. Rose, une mère blessée par la naissance de son enfant. Edward, un fils qui a bien du mal à se construire face au manque de bienveillance maternelle. Ce roman fut difficile à écrire, je veux dire affectivement, car j’ai plongé dans la part obscure de la mère et, en tant que maman de deux fils − que j’ai eu la chance d’aimer dès leur arrivée dans ce monde −, ce ne fut pas de tout repos ! Mais c’est aussi ce que j’aime dans l’acte d’écrire, c’est une plongée permanente dans les cavernes humaines les plus obscures, cachées et terrifiantes… Un exercice aussi effrayant que jubilatoire, car il est bon de se faire peur !

 

Vos deux précédents romans dans la collection “Thriller” se construisent sur une impression très forte d’enfermement. Le premier, Peur express, est un huis clos mettant en scène six passagers victimes de phénomènes étranges dans un train bloqué sur un viaduc. Dans Un hiver en enfer, vous semblez creuser cette idée en plaçant le jeune héros, Edward, dans un face-à-face terrifiant avec sa propre mère. Comment expliquez-vous ce motif récurrent dans votre écriture ?

 

L’enfermement est en effet un de mes sujets de prédilection. J’ai grandi avec cette impression. Je me sentais enfermée dans le collège catholique où j’étudiais, un établissement pour jeunes filles, en pleine forêt mais entouré de hauts murs, censés nous “protéger”. Enfermée aussi dans ma famille qui ne recevait pas d’amis et dans un milieu social qui m’offrait peu de sorties culturelles. J’ai très vite détesté les groupes sociaux aux identités trop marquées, les clans, les bandes qui, sous prétexte de connivence, s’isolent des autres ou les repoussent. Dès l’adolescence, je me suis sentie en marge, spectatrice et plus ou moins intégrée. C’est ce qui me fait écrire, encore aujourd’hui. Explorer les enfermements du monde. Dans Peur express, l’enfermement des individus dans un confort (virtuel) qu’offre notre société hyper technologique et consumériste. Celui d’une jeune aveugle, aveuglée par son handicap qui recherche le sens de sa vie dans ses rêves (Rêves en noir). Et ici, la séquestration d’un adolescent dans son foyer familial, dans sa fragilité psychologique, dans sa rancoeur, sa colère…


2015 : Prix GARIN des collèges
2015 : Prix A-fictionados d'Alençon
2016 : Prix Passerelle(s), catégorie 3e/2nde

Depuis 2009, JO WITEK écrit pour la jeunesse, explorant les genres, ses envies, l’humain à hauteur d’enfant ou d’adolescent. En dix ans, elle a publié une quarantaine d’ouvrages, albums, romans et documentaires et reçu autant de prix littéraires francophones.

Chez Actes Sud jeunesse, elle est l’autrice d’Une fille de… dans la collection “D’une seule voix” (Prix des Lycéens allemands) et de plusieurs romans pour ados : Le Domaine, Un hiver en enfer, Rêves en noir, Peur Express, Un jour j’irai chercher mon prince en skate, Premier arrêt avant l’avenir (mention spéciale du prix Vendredi), J'ai 14 ans et ce n'est pas une bonne nouvelle (Prix Babélio) et Les errantes.

Mais aussi, deux romans pour les 9-12 ans, Une photo de vacances et Y a pas de héros dans ma famille. Elle a également signé les albums Dans la boutique de Madame Nou (illustré par Nathalie Choux) et Petits poids plume (illustré par Charles Berberian).

En juin 2021, elle inaugure chez Actes Sud jeunesse une nouvelle série pour les 8-12 ans : Le Clan des Cabossés.

 

Photo © Christelle Soria

 

 

 

 

 



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